Tout d’abord, Bock-Côté commence dans son plus récent ouvrage par expliquer ce qu’est le politiquement correct et par nous démontrer les rouages de ce totalitarisme mental.
Sa critique est pertinente et aurait pu être écrite par notre ami Tomislav Sunic qui a longuement écrit sur ce sujet, mais que Bock-Côté ne connait sûrement pas, car même s’il pourfend la rectitude politique, il y a tout de même des lignes qu’il n’osera pas franchir au nom de la respectabilité.
Le sociologue nous nous offre une définition relativement simple et limpide de ce qu’est ce phénomène de politiquement correct, soit « un dispositif inhibiteur ayant pour vocation d’étouffer, de refouler ou de diaboliser les critiques du régime diversitaire et de l’héritage des Radical Sixties et plus largement d’exclure de l’espace public tous ceux qui transgress eraient cette interdiction. »
La diabolisation de ceux qui osent remettre en question ne serait-ce qu’un seul aspect des dérives sociétales modernes est devenue le phénomène le plus visible de la rectitude, et dans cette nouvelle chasse aux sorcières personne n’est à l’abri.
« Les procès en sorcellerie ont moins disparu qu’ils ne se sont modernisés », écrit lucidement Bock-Côté.
Avec l’hypermoralisation du débat public, on ne tente plus d’opposer des arguments aux adversaires, mais bien de reléguer dans les marges les nouveaux pestiférés, ceux qui parfois ayant parfois un cursus bien-pensant irréprochable vont lâcher un mot de trop, une réflexion jugée impie.
Nombreux sont ceux qui apprirent à leurs dépends qu’une feuille de route sans faute ne suffisait pas à se faire pardonner d’une pensée hérétique, aussi momentanée qu’elle puisse être. C’est la raison pour laquelle lors de la campagne électorale fédérale, les gratte-papiers des grands journaux passèrent des heures à éplucher les pages Facebook de tous les candidats à la recherche du moindre écart dans les dernières années.
Les politiciens furent davantage questionnés sur ce qu’ils avaient pu dire il y a une quinzaine d’années que ce qu’ils prévoyaient pour les cinq prochaines.?
À l’origine des concepts en vogue qui deviennent des dogmes, comme la théorie du genre, la lubie des territoires non-cédés, l’on retrouve une frange radicale et ultra minoritaire qui parvient à imposer son agenda en faisant taire tout opposant au nom d’une morale moderniste.
Les médias se font la courroie de transmission de ce système de contrôle de la pensée et ce sont les journalistes ou les personnalités médiatiques en vue dans les cénacles de la gauche qui distribuent les fatwas, condamnent les nouveaux hérétiques à une mort sociale assurée à moins que ceux-ci n’acceptent de s’humilier sur la place publique en s’excusant et en admettant ses erreurs, à la mode stalinienne.
Il faut empêcher de s’exprimer, et ce de n’importe quelle façon comme les antifas l’ont démontré, toute voix discordante, aussi menue soit-elle. D’ailleurs, la liberté d’expression est désormais un concept suspect associé à l’extrême droite, lorsqu’un conférencier se fait évincer par des marginaux cagoulés avec la bénédiction des médias, il ne s’agit pas de censure, mais simplement pour les minorités opprimées de se réapproprier un espace public qui leur revient de droit.
Grâce à la rectitude politique, on impose une vision idéologique censée se substituer au réel, ce qui mène à des paradoxes, ou à la doublepensée orwellienne. Ainsi, la doxa officielle explique que « la mutation démographique des pays occidentaux est un fantasme entretenu par des idéologues xénophobes, mais en même temps, elle a déjà eu lieu et il faut s’y faire car elle ira jusqu’au bout de lui-même d’autant qu’elle représente une bonne nouvelle à l’échelle de l’histoire. »
On nie les réalités qui pourtant sont visibles et on tente de juguler le problème en faisant taire ceux qui voient que le roi est nu et qui refusent les œillères qu’on tente de leur imposer. Mais voilà, le fossé se creuse entre la perception populaire et les dictats idéologiques, ce qui finit par tuer la bien-pensance, du moins au niveau du peuple, d’où l’émergence de mouvements populistes tant sur la toile qu’en politique. Avec le net et notamment les réseaux sociaux, le monopole médiatique s’effrite et le peuple parvient à s’exprimer et à s’abreuver à d’autres sources, comme les sites de réinformation dont le site de la Fédération des Québécois de souche.
Les bien-pensants ne font pas que réinterpréter ce qu’est la démocratie, ils vont jusqu’à redéfinir le peuple de souche comme de simples immigrants arrivés par un hasard du destin un peu plus tôt que les autres et sans plus de légitimité. Il n’y ainsi plus de culture à laquelle se greffer, comme l’expliquait si bien Justin Trudeau en divaguant dans les colonnes du New York Times sur son état postnational.
Même l’homme est repensé et « nous ne sommes pas loin du mythe de l’homme nouveau, comme si l’homme devait se purger de son existence historique pour renaître d’une matrice virginale, sans corruption aucune. » Exit les déterminismes, soient-ils culturels, historiques, ethniques ou même sexuels.
La théorie du genre, le déracinement, tout cela tend vers cet homme qui s’autocrée au gré de ses désirs. Tout cela relève du projet totalitariste, comme Tom Sunic l’avait bien exprimé dans les pages du Harfang (numéro Octobre-novembre 2019).
Il n’y nulle possibilité de dissension ou de remise en question au sein de cet empire idéologique. Le sociologue reprend les termes Milan Kundera qui expliquait que « les empires totalitaires ont disparu avec leurs procès sanglants mais l’esprit du procès est resté comme héritage et c’est lui qui règle des comptes. » La méthode s’est subtilisée.
« Ce n’est pas nous qui désignons l’ennemi, c’est lui qui nous désigne. Et s’il veut que nous soyons son ennemi, nous aurons beau lui faire les plus belles protestations d’amitié, nous le serons. Et il nous empêchera même de cultiver notre jardin. »