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L’école soumise au iPad



Le Journal nous apprenait récemment la surprise d’une jeune mère de Charlesbourg, dans la région de Québec, au moment de faire ses achats pour la prochaine rentrée scolaire.

Sur la liste: un iPad. Et c’était obligatoire.

On comprend dès lors que l’école de son enfant s’est, elle aussi, convertie à la techno-pédagogie. Elle n’est évidemment pas la seule. C’est une mode. C’est même une vague.

C’est un peu comme si l’école québécoise était hypnotisée par les promesses des nouvelles technologies et ne pouvait plus se passer des gadgets à la mode.

Technomanie

On l’avait constaté il y a quelques années avec l’achat des tableaux blancs interactifs, censés créer les conditions d’un nouvel enthousiasme des élèves pour l’école.

L’argument est connu: pour intéresser les jeunes, il faudrait inventer une école du plaisir. À l’école, on devrait moins se forcer que jouer. La pédagogie devrait devenir festive.

Et puisque les nouvelles générations sont élevées par leurs écrans, l’école devrait s’y adapter. Sans quoi, la rupture serait trop brutale.

Mais il se pourrait qu’on serve bien mal la nouvelle génération en suivant cette piste. Car on risque de l’enchaîner encore plus à ses écrans, alors que l’école pourrait justement résister à ce nouvel esclavagisme qui se réclame de la modernité.

Mais les critiques se font rares: on risque, à tout moment, de se faire accuser de passéisme et de nostalgie.

On le sait, la grande victime de cette société du tout-à-l’écran, c’est la capacité de concentration.

La concentration devient fragmentaire. Elle doit toujours être stimulée dans un environnement interactif. Le jeune doit toujours pianoter sur un clavier, ou encore passer d’un onglet à l’autre sur son écran tactile, sinon, il perd le fil.

C’est une dépendance toxique.

Dans un monde normal, l’école devrait casser cette habitude plutôt que s’y soumettre avec enthousiasme.

C’est la vertu d’un cours magistral: un professeur qui connaît sa matière parle devant une classe qui doit l’apprendre. Les élèves n’ont pas de gadgets, ils prennent des notes à la main dans un cahier.

Ce qui est fascinant, d’ailleurs, c’est que les élèves seront toujours en avance sur les adultes en matière technologique. On croit devancer les élèves, en fait, on sera en retard sur eux.

École traditionnelle

L’école a besoin d’une vraie refondation, éclairée par la meilleure part de ce qu’on appellera l’esprit traditionnel. Les écrans, dans la mesure du possible, ne devraient pas y être admis.

On devrait rétablir l’enseignement magistral, où le professeur parle et l’élève prend des notes calmement. Le professeur devrait avoir le droit de congédier de la classe les éléments turbulents.

On devrait dégager de grandes plages horaires à la bibliothèque où les jeunes devraient lire dans un profond silence des classiques de la littérature et les grandes pages de l’histoire de notre civilisation.

En gros, l’école devrait redevenir l’école, et ne plus se prendre pour un camp de vacances ou une colonie de Apple.

 

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